Les enfants et le mensonge

Même si cela peut surprendre, mentir est un comportement normal chez l’enfant puisque c’est un signe que ses connaissances et sa compréhension de la réalité évoluent. Tout le monde raconte des histoires un jour ou l’autre. Les mécanismes et les causes du mensonge sont multiples et ne sont pas toujours problématiques. Comme parent, il est important de bien comprendre ce comportement afin de mieux accompagner nos enfants.

Stades de développement

De 2 à 6 ans : imagination et plaisir

L’enfant ne sait pas encore distinguer le vrai du faux. La pensée magique est très présente dans son univers.Il utilise le mensonge sans mauvaise intention, principalement pour ne pas déplaire ou pour éviter une réprimande lorsqu’il a commis un geste qu’il regrette.

De 6 à 12 ans : raison et désir de plaire

Le mensonge est surtout utilisé pour obtenir un bénéfice immédiat, éviter une conséquence, tester les limites ou conserver l’amour de ses parents. Vers sept ans s’éveillent pensée logique et conscience morale. L’enfant ment alors consciemment et il sait que c’est un comportement inadéquat.

De 13 à 17 ans : adaptation et apprentissage

L’adolescent est en mesure d’anticiper les réactions d’autrui et il connaît la valeur accordée à l’honnêteté. Il peut utiliser le mensonge pour préserver son espace privé, se protéger, gonfler son égo, s’opposer et même juste pour le plaisir.

Prévention

• Dès le très jeune âge, accepter les émotions positives et négatives de l’enfant, sans les nier. La bienveillance apprend à dire la vérité sans craindre la réaction des adultes.
• L’utilisation des jeux de rôles (ex. : avec des peluches) pour refléter l’impact des mensonges sur autrui est une bonne stratégie avec les plus petits.
• Être honnêtes, car nous sommes leurs principaux modèles. Les enfants nous observent plus qu’ils ne nous écoutent. Mentir, même de manière anodine, ne passe jamais inaperçu!
• Sensibiliser les petits et grands sur l’importance de dire la vérité.
• Adopter un positionnement clair et ferme : le mensonge n’est pas une solution.

Pistes d’intervention

• Féliciter l’enfant lorsqu’il dit la vérité. Avouer avoir fait une bêtise, c’est dur! Il est important d’exprimer notre fierté devant sa franchise… même s’il devra tout de même assumer la conséquence de son geste.
• Réagir calmement, car plus l’environnement est punitif, plus l’enfant est susceptible d’être malhonnête.
• Discuter pour essayer de découvrir l’émotion ou le besoin dissimulé derrière les mensonges.
• Prendre le temps d’écouter plutôt que de questionner en rafale. Les interrogatoires incitent généralement aux mensonges défensifs.
• Proposer un geste de réparation, que les fausses paroles aient causé du tort ou non.
• Accueillir les fabulations du tout-petit en l’aidant à faire graduellement la distinction entre ses rêveries et la réalité.
• Si l’estime de soi semble être la motivation, expliquer que cette stratégie n’est pas nécessaire pour être apprécié. Souligner ses forces et ses bons coups.

Selon Pro Bronson et Ashley Merryman, auteurs du livreNurtureShock, demander aux jeunes enfants de promettre de dire la vérité peut considérablement réduire les mensonges. Les petits mentiraient quand ils pensent que cela rendra leurs parents heureux. Essayez cette technique : « Je ne serai pas fâché si tu as fait une bêtise. Je serai vraiment fier si tu me dis la vérité. »

En conclusion, bien qu’ils soient déstabilisants par moments, les mensonges sont de bonnes occasions pour intervenir et transmettre nos valeurs. C’est un comportement avec lequel nous devrons toujours composer. Le rôle du parent est de guider son enfant, de l’accompagner vers une vie adulte épanouie et idéalement sincère… et tout cela commence très jeune.