Peut-on se permettre un programme d’alimentation scolaire au Québec ?
Stéphanie Rochon, directrice des communications et des affaires publiques
Fédération des comités de parents du Québec
En novembre dernier, la Fédération des comités de parents participait au Forum Bien manger à l’école, organisé par le Chantier pour un programme d’alimentation scolaire universel au Québec (PASUQ). Cet événement visait à brosser un portrait des bonnes pratiques en termes d’alimentation scolaire. Des centaines d’acteurs étaient réunis pour échanger et s’informer à ce sujet.
Mais qu’est-ce qu’un programme d’alimentation scolaire universel?
Il s’agit d’un programme permettant à l’ensemble des élèves d’avoir accès à une offre de collations et de repas sains et durables, à coût abordable, ainsi qu’à de l’éducation alimentaire de qualité. Un tel programme a des impacts bénéfiques en matière de santé publique, de réduction des inégalités sociales, de réussite éducative, d’environnement et d’économie par la création d’emplois. Les effets positifs sont démontrés sur les enfants et se poursuivent jusqu’à l’âge adulte. De plus, ces programmes allègent la charge mentale des parents. Fini le casse-tête des lunchs!
À l’international, 25 pays offrent un programme d’alimentation scolaire à tous les enfants fréquentant l’école publique. Le Canada est le seul pays du G7 à ne pas avoir de programme d’alimentation scolaire national. Au Québec, un enfant sur six, soit 200 000 enfants du réseau scolaire public, vit de l’insécurité alimentaire.
L’objectif du chantier PASUQ au Québec est de documenter et d’évaluer les meilleures pratiques en alimentation scolaire et d’émettre des recommandations concertées pour l’opérationnalisation d’un PASUQ s’appliquant à toutes les écoles publiques. Dans les mots de Marie-Claude Bienvenue, du Club des petits déjeuners, un des initiateurs du chantier PASUQ : « L’enfant a toujours été au cœur des réflexions et des propositions du PASUQ ».
Avant de tenir le Forum et pour s’assurer que les propositions soient concertées, le chantier PASUQ a consulté un vaste échantillon d’acteurs, dont les parents d’élèves via un webinaire proposé par la FCPQ.
Ce qui est ressorti de la journée
L’engagement et la mobilisation des acteurs présents pendant le Forum étaient inspirants. La grande participation à cet événement a montré une réelle volonté de mettre en place un PASUQ.
L’équipe du centre de services scolaire des Rives-du-Saguenay a présenté ses initiatives. Ce CSS est un leader en la matière et a la conviction qu’un programme d’alimentation et de littératie alimentaire a des répercussions immenses sur la réussite et le bien-être des jeunes.
L’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) a présenté son estimation des coûts d’un éventuel PASUQ. Il en coûterait 1,7 milliard $ par année pour un tel programme. Le montant pourrait varier selon les inclusions ou exclusions.
La tenue du Forum Bien manger à l’école a permis de partager des informations sur les retombées possibles, sur les besoins, financiers et autres, et sur les bonnes pratiques associées aux programmes d’alimentation scolaire. Deux éléments sont manquants pour pouvoir mettre en place un PASUQ, soit :
- une plus grande mobilisation dans le milieu scolaire,
- l’engagement du gouvernement du Québec pour la mise en place.
La sensibilisation se poursuit, notamment grâce à Ricardo, qui apporte sa passion et son appui au PASUQ. La prochaine étape du chantier PASUQ sera la rédaction d’un mémoire en amont du budget 2024 du Québec.
Ricardo Larrivée et Jérôme Maltais, vice-président de la FCPQ
Le titre de cet article de blogue demande si nous pouvons nous permettre un PASUQ. La question serait plutôt : peut-on se permettre de ne pas se doter d’un programme d’alimentation scolaire universel au Québec?