Retrait du projet de loi no 86
Un changement de culture est essentiel pour tous les acteurs du réseau
Québec, le 13 mai 2016 — La Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ) prend acte de la volonté du ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport de mettre de côté le projet de loi no 86, tel que décrit ce matin dans le quotidien La Presse, mais lui réitère l’urgence de mettre fin au statu quo et de s’assurer que la loi actuelle soit respectée et appliquée pour le bénéfice de la réussite éducative de tous.
« La Fédération estime cependant essentiel de trouver des modalités afin que la Loi sur l’instruction publique, et toutes modifications qu’on pourrait y apporter, soit appliquée partout de la même manière et ce, dès la prochaine rentrée scolaire. Si la loi, les bonnes pratiques et les résultats de la recherche avaient été bien appliqués au cours des 20 dernières années, nous n’en serions pas là », croit la présidente de la FCPQ, madame Corinne Payne.
« Pour la réussite des élèves, le statu quo n’est tout simplement plus possible. Il faut un réel changement de culture des acteurs du milieu de l’éducation, du ministre à l’élève! C’est le défi que je lance au ministre Sébastien Proulx aujourd’hui. Depuis le début du processus de consultation sur la réforme de la Loi sur l’instruction publique, le milieu a parlé de bien des choses, mais on a peut-être oublié de parler du principal : se donner les moyens de faire respecter la loi partout et de prendre les décisions aux meilleurs endroits », ajoute la présidente.
Tous ceux et celles qui ont lu le mémoire de la FCPQ présenté devant la Commission de la Culture et de l’Éducation, ne seront pas surpris de lire que pour la FCPQ, l’important se trouve dans les conditions gagnantes que sont :
- La décentralisation, en terme de décisions et d’argent ;
- La reddition de comptes aux parents ;
- L’accessibilité aux ressources de qualité, en quantité suffisante, lorsque le besoin se fait sentir.
« Il n’est pas normal que les parents n’aient pas un droit de regard sur les dépenses des services de garde, par exemple, ou qu’il soit impossible pour eux de savoir à quoi sert réellement les frais qui leur sont chargés. L’argent est, en ce moment, loin des écoles. Il faut que cela change », pense Corinne Payne, en ajoutant qu’il est primordial que les parents aient les outils et les ressources pour que la loi soit véritablement respectée.
Maternelle 4 ans offerte partout
Parmi les propositions du ministre en vue du projet de loi qu’il compte présenter, on retrouve la maternelle à 4 ans partout. Une mesure accueillie favorablement par les membres de la FCPQ, dans la mesure où l’option reste volontaire et au choix des parents et que les milieux ont les outils et les moyens de rendre ce service efficient.
École obligatoire jusqu’à 18 ans
L’obligation de fréquenter l’école jusqu’à 18 ans ne donnera aucun résultat si le réseau fonctionne comme actuellement. « Faire plus de la même chose ne changera rien ! Les problèmes de ressources, de dépistage de problématiques dès le plus jeune âge ou de persévérance scolaire ne pourront se résoudre avec une telle mesure si des changements ne sont pas apportés au niveau de la décentralisation, du respect des instances décisionnelles et des choix pris dans les milieux et basés sur les besoins et la recherche », estime Corinne Payne.
Services aux élèves en difficulté d’apprentissage
La proposition du ministre de revoir le modèle de financement des services aux élèves en difficulté d’apprentissage est satisfaisante. Mais encore faudra-t-il que ceux qui doivent prendre les décisions concernant ces élèves puissent avoir la latitude d’agir, selon les besoins de leurs milieux propres. « Dans ce cas précis, la décentralisation est un incontournable pour réussir à améliorer vraiment les choses. Le mur-à-mur ne convient pas et ceux qui sont les plus près de l’élève doivent avoir la marge de manœuvre nécessaire pour que l’argent se rende là où se trouvent les besoins », ajoute la présidente de la FCPQ.
Institut national d’excellence en éducation
La création d’un Institut national d’excellence en éducation est une idée pour laquelle la FCPQ attend de prendre connaissance des modalités. « Identifier les meilleures pratiques et les codifier était une demande la FCPQ dans son mémoire sur le projet de loi no 86. Cela dit, nous devons nous assurer que cet Institut soit une entité neutre, réellement dévouée à trouver et diffuser des moyens de favoriser la réussite scolaire. Différents groupes de recherche et le Conseil supérieur de l’éducation existent déjà à cet effet… Avec quels résultats ? Nous devons minimalement nous assurer que cet Institut ne représente pas un lobby de plus en faveur d’une position ou d’une autre », considère Corinne Payne.
La Fédération des comités de parents du Québec réfléchit d’ailleurs à la question de la réussite et à ce que devrait contenir une éventuelle politique nationale de l’éducation depuis de nombreuses années. Elle espère que tous les groupes et organisations qui réfléchissent à cette question seront sollicités afin de prendre part à cette réflexion collective.
Ordre professionnel des enseignants
Quant à l’idée de créer un ordre professionnel des enseignants, la FCPQ estime que cela constituerait une autre discussion qui engendrerait des déchirements et des guerres. « Avons-nous les moyens de s’acheter une autre chicane ? », se questionne la présidente de la FCPQ.
En conclusion, la FCPQ tient à répéter qu’elle sera toujours présente pour travailler avec le ministre et les partenaires dans le but ultime de la réussite pour tous.
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